Aux Ve et VIe siècles de notre ère, la religion chrétienne s'est installée, bien que dominante elle voit ses grandes figures vivre encore des destins cruels et exemplaires, tel celui de saint Erige ou Ariey quatrième évêque de Gap mort en 604.
A cette époque l’ours pouvait encore vivre en paix, mais toujours sur ses gardes, car les hommes lui reprochaient de varier ses menus végétariens par quelques gigots de moutons... Or, voici qu'en 579, un nouvel évêque fut nommé à Gap, Né à Chalon-sur-Saône, il s'appelait Arigius, fils d'Apocrasius et Sempronia, de noble famille gallo-romaine, et fut baptisé par saint Didier, évêque de la ville, puis de Vienne. Ordonné prêtre par Mgr Syagrius, à Grenoble, il reçut d'abord une paroisse du Trièves, puis vint à Gap. Il trouvait son diocèse en triste état, fort négligé par son prédécesseur, Sagittaire, figure pittoresque, mais peu évangélique.
Aredius, que nous appelons Erige en Provence (Arey à Gap), eut tôt fait de réformer son diocèse, il y fonda même une école, devenue vite célèbre. En 595, il se rendit à Rome, où il se lia avec le Pape saint Grégoire le Grand, qui lui écrivait affectueusement: «De nous deux, l'amitié ne fait qu'un».
Après sa journée laborieuse, notre évêque aimait monter à la chapelle Saint-Mamert, sur la colline Saint-Mens (déformation de Mamert).
Le mercredi saint de l'an 605, en une tiède soirée où le printemps éclatait partout, il passa près de «la fontaine des ânes», où clabaudait un groupe d'horribles êtres tout noirs... des démons à n'en pas douter. Ils se vantaient à qui mieux mieux de pièges tendus aux hommes: «Moi, j'ai fait vendre à faux poids !..» - «Moi, j'ai brouillé trois ménages, aujourd'hui...» - «Vous me faites bien rire», intervint le plus grand et le plus fort d'entre eux, «tel que vous me voyez, j'ai mis notre nouveau Pape en état de péché mortel... Il va donc célébrer demain une messe sacrilège... Qui dit mieux ? »
- « Et tu crois que ça va se passer comme ça ? », cria une voix indignée. C'était Erige qui pénétra dans le cercle démoniaque. «Vous n'y pouvez rien changer», ricana l'autre. - « On va voir ça: je t'ordonne de me porter à Rome !.. « Tous les diablotins de s'esclaffer, mais leur chef releva le défi : «Eh bien, allons-y, montez sur mon dos ! ».
Il n'y avait plus à reculer... Erige se cramponna comme il put aux épaules du démon, qui s'envola aussitôt. Un tableau du XVllle siècle, nous dit J. Vollaire, montrait cette scène fort pittoresque: l'évêque, très...